Les communautés, nouveau mode d’organisation ?
Dans beaucoup d’entreprises, la mode est au digital et au fonctionnement en réseau. Les réseaux sociaux d’entreprise permettent de créer des communautés en appuyant sur un bouton. Les managers remplacent le mot « organisation » par le mot « communauté » dans leur communication (la communauté RH, la communauté IT…).
À partir d’une petite histoire, nous préciserons ce que sont une communauté, une équipe hiérarchique et une équipe projet. Nous montrerons un exemple d’une entreprise qui a remplacé toute sa hiérarchie fonctionnelle par des communautés.
1. La communauté est à toute les sauces
Christine est responsable RH de la direction marketing de son entreprise. Le directeur marketing a décidé de montrer que sa direction est moteur dans la transformation digitale et dans les nouveaux modes de travail collaboratifs. Il décide de remplacer l’organisation actuelle par une organisation en communautés. Christine devient à la fois un « community manager » pour l’exécution des projets et un référent pour le développement des membres de son équipe. Des communautés sont aussi créées pour les expertises marketing, les domaines d’activité (Web, TV…), et le leadership de la direction marketing.
Le directeur marketing peut ainsi montrer au comité exécutif que la transformation digitale est une réalité grâce à la collaboration à l’intérieur de la « communauté » marketing. Christine est perplexe. Qui sera responsable si une communauté projet est en retard ou si la communauté Web ne délivre pas la qualité de service attendue ?
Certains membres du comité exécutifs sont sceptiques. Ils connaissent des communautés de pratique liées aux métiers, transverses à l’entreprise qui fonctionnent bien, telles que les acheteurs de service ou les vendeurs grand comptes.
Le comité exécutif demande à la RH de clarifier la situation et nomme Christine à sa tête. Un groupe de travail « communauté » est créé. Il fait appel à un consultant spécialisé dans les communautés en entreprise.
2. Une communauté, c’est quoi ?
Selon Jean-Philippe Bootz, enseignant-chercheur à l’EM Strasbourg, responsable de la chaire Management des connaissances1,
les groupes fonctionnels [équipes hiérarchiques] se composent de représentants homogènes partageant une spécialisation disciplinaire. Leur objectif est d’assurer une fonction définie par la hiérarchie. Le mode de recrutement est effectué par le responsable hiérarchique qui contrôle les tâches des membres et assure le recrutement en fonction de la reconnaissance de la maîtrise de la discipline (diplôme). Les connaissances qui circulent au sein de ces groupes sont issues des disciplines respectives.
Les équipes pluridisciplinaires [équipes projet, équipes autonomes, groupes de travail] poursuivent, quant à elles, un objectif commun assigné par la hiérarchie (conception d’un nouveau produit, mise en œuvre d’une démarche qualité, …). Étant composées de représentants hétérogènes, la circulation des connaissances renvoie essentiellement aux modalités d’intégration par les équipes des différentes connaissances disciplinaires particulières. Les membres sont recrutés par le chef d’équipe et restent unis par un objectif commun et par des exigences internes à l’entreprise. C’est également le chef d’équipe qui coordonne l’activité et l’articulation des compétences des membres de l’équipe.
Une communauté de pratique rassemble, quant à elle, des membres homogènes, et a pour objectif principal l’amélioration de l’activité à travers une réflexion sur la pratique. Elle se caractérise par sa nature auto-organisée. En effet, les individus participent à ces communautés, non pas parce que la hiérarchie les y pousse, mais parce que cette participation leur permet d’améliorer leur compétence dans leur domaine d’activité.
3. La communauté, une structure transverse
Le groupe de travail d’Angélique se réunit dans un workshop et parvient avec l’aide du consultant à un consensus sur les structures formelles et informelles dans l’entreprise, illustré par le graphique ci-contre.
Le mandat du groupe de travail bascule alors dans l’accompagnement des communautés, et seulement de celles-ci.
Le directeur marketing réalise qu’il est allé trop loin en appelant tout regroupement de personne une « communauté » et réfléchit à une autre organisation.
4. Une organisation matricielle projets X communautés est possible
Dans une organisation tournée principalement autour de projets, comme un cabinet conseil ou un éditeur de logiciels, il est possible de remplacer l’organisation fonctionnelle par des communautés.
Patrick Cohendet et Laurent Simon ont ainsi étudié l’entreprise Ubisoft Canada2, qui a réalisé cette transformation en 2000 pour ses 6000 employés. Chaque jeu vidéo est un projet. Les communautés d’experts (développeurs de jeux, sonorisateur, programmeur, etc.), ouvertes à l’extérieur, ont remplacé les organisations silotés. La seule organisation hiérarchique restante est le « corporate » avec ses fonctions régaliennes.
5. Action !
Vous voulez:
- Animer sereinement votre communauté, votre équipe ou votre classe, à distance, de façon virtuelle => Offre de service à 390€ HT
- créer ou relancer des communautés dans votre organisation
- améliorer l’utilisation de votre réseau social d’entreprise (Yammer, Workplace …)
- améliorer l’innovation transverse ou l’apprentissage social avec des communautés
- monter un programme de communautés d’entreprise
- assurer la longévité de votre système de management des connaissances (ISO 30401) grâce aux communautés
6. Pour en savoir plus
- « Comment concilier auto-organisation et contrôle au sein des communautés de pratique pilotées ? » (article)
- “Playing across the playground: paradoxes of knowledge creation in the videogame firm” (article)
- « Une communauté, sans sponsor, c’est mort ! » (article)
- « Les communautés apprenantes dans les grandes organisations » (brochure de l’Association CoP-1)
- « Le Guide pratique des Communautés » (livre)
- « Les communautés d’innovation » (livre)
- « Communautés de pratique et management de la formation » (livre)
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